Une plage en pleine ville

Quand on prend la rue Woodbine, dans l’est de la ville de Toronto, il faut descendre une grande pente. Du haut de cette colline, on peut voir le Lac Ontario de loin et de haut. Selon le jour il sera gris comme les yeux d’un chat ou azur comme la mer des Antilles.

Tout en bas, au niveau du lac, quand Woodbine se transforme en Lakeshore, il ne faut pas suivre la circulation vers le cœur de la ville (parfois oui, mais pas aujourd’hui). Il faut plutôt foncer vers le lac, vers la plage et vers cet espace vert au bord de l’eau.

Dans le parc, les sentiers serpentent les péninsules, contournent des îlots de pelouse verte, et longent la rive sur des kilomètres. En ce moment, les mouches sont reines. Elles trônent en groupe, elles épaississent l’air à la hauteur des têtes humaines.

Des humains, il y a beaucoup, mais pas trop. Ils se dissipent dans l’espace, assez pour la bonne pratique de distanciation physique. Ils marchent, ils courent, ils pédalent ou ils jouent.

Des panneaux d’affichage rappellent aux gens de rester à au moins trois oies de distance des autres personnes. Moi, je rappelle aux gens de rester à au moins six oies de distances des oies.

Il faut toujours tenter de localiser les cygnes du quartier. Ils ont leurs territoires. Ils sont gros, blancs, et leur long cou est reconnaissable. Si vous êtes chanceux, vous les verrez en plein vol se déplacer vers l’Est de la plage. C’est notre albatros d’eau douce.

Depuis un point éloigné du parc Ashbridges Bay, on peut voir la ville, sa tour du CN et le profil des édifices à bureaux qui sont, pour l’instant, vides. Ces jours-ci la vue est claire et précise, l’air étant frais, printanier, et léger.

Cet espace public est un oasis en temps normal, et un véritable paradis en temps de confinement. Nombreux sont ceux qui usent leurs souliers sur les pavés des sentiers près de la plage.

Bonne semaine,

Roxanne