Quand on passe le mois de juillet à lire Les Misérables, il faut nécessairement prendre quelques minutes au mois d’août pour en noter quelques citations.
Vous connaissez l’histoire des Misérables, cette chorale de personnages aussi perdus que condamnés: Jean Valjean, Fantine, Cosette, les Thénardiers, Marius, Éponine, Javert. Vous connaissez peut-être aussi les chansons de la comédie musicale.
Vous ne trouverez pas les chansons populaires dans les pages du roman, mais Victor Hugo cache des perles de savoir qui restent secrètes à ceux qui ne s’aventurent pas sur les traces de ce grand classique.
Parmi les dénouements d’une histoire célèbre se révèlent des moments incontournables, dont un chapitre entier sur l’argot, sur les égouts de Paris, sur la tradition d’un couvent cloîtré, et sur d’autres phénomènes historiques illuminés par le regard de l’auteur.
Pour vous qui n’avez peut-être jamais navigué les eaux troubles de l’écriture de Victor Hugo, ou si vous avez, il y a longtemps, fait un bout de chemin aux côtés des Misérables, vous aimerez peut-être ces quelques extraits qui ont capté mon attention.
On empêche pas plus la pensée de revenir à une idée que la mer de revenir à un rivage. Pour le matelot, cela s’appelle la marée ; pour le coupable, cela s’appelle le remord.
En même temps qu’il y a un infini hors de nous, n’y a-t-il pas un infini en nous? Ces deux infinis (quel pluriel effrayant!) ne se superposent-ils pas l’un à l’autre? Le second infini n’est-il pas pour ainsi dire sous-jacent au premier? n’en est-il pas miroir, le reflet, l’écho, abîme concentrique à un autre abîme?
Premier problème:
Produire la richesse.
Deuxième problème:
La répartir.
Le premier problème contient la question du travail.
Le deuxième contient la question du salaire.
Dans le premier problème il s’agit de l’emploi des forces.
Dans le second de la distribution des jouissances.
Du bon emploi des forces résulte la puissance publique.
De la bonne distribution des jouissances résulte le bonhoneur individuel.
Par bonne distribution, il faut entendre non distribution égale, mais distribution équitable. La première égalité, c’est l’équité.
De ces deux choses combinées, puissance publique au dehors, bonheur individuel au dedans, résulte la prospérité sociale.
Prospérité sociale, cela veut dire l’homme heureux, le citoyen libre, la nation grande.
Maintenant, depuis quand l’horreur exclut-elle l’étude? depuis quand la maladie chasse-t-elle le médecin? Se figure-t-on un naturaliste qui refuserait d’étudier la vipère, la chauve-souris, le scorpion, la scolopendre, la tarentule, et qui les rejetterait dans leurs ténèbres en disant: Oh! que c’est laid! Le penseur qui se détournerait de l’argot ressemblerait à un chirurgien qui se détournerait d’une ulcère ou d’une verrue. Ce serait un philologue hésitant à examiner un fait de la langue, un philosophe hésitant à scruter un fait de l’humanité. Car, il faut bien le dire à ceux qui l’ignorent, l’argot est tout ensemble en phénomène littéraire et un résultat social. Qu’est-ce que l’argot proprement dit? L’argot est la langue de la misère.
Certes, si la langue qu’à parlée une nation ou une province est digne d’intérêt, il est une chose plus digne encore d’attention et d’étude, c’est la langue qu’a parlée une misère.
Il y a l’émeute, et il y a l’insurrection ; ce sont deux colères ; l’une a tort, l’autre a droit. Dans les États démocratiques, les seuls fondés en justice, il arrive quelque fois que la fraction usurpe ; alors le tout se lève, et la nécessaire revendication de son droit peu taller jusqu’à la prise d’armes. Dans toutes les questions qui ressortissent à la souveraineté collective, la guerre du tout contre la fraction est insurrection, l’attaque de la fraction contre le tout est émeute; selon que les Tuileries contiennent le roi ou contiennent la Convention, elles sont justement ou injustement attaquées.
Il y a de l’apocalypse dans la guerre civile, toutes les brumes de l’inconnu se mêlent à ces flamboiements farouches, les révolutions sont sphinx, et quiconque a traversé une barricade croit avoir traversé un songe.
Aimer ou avoir aimé, cela suffit. Ne demandez rien ensuite. On n’a pas d’autre perle à trouver dans les plis ténébreux de la vie. Aimer est un accomplissement.
Bonne semaine,
Roxanne