L’avenir de Catherine Leroux
Rares sont les lectures qui, en temps de pandémie, réussissent à offrir un échappatoire à la réalité courante et l’espoir d’un monde meilleur. Dans son dernier roman, Catherine Leroux réussi ce tour de force et offre, avec L’avenir, un parfait roman à lire en confinement.
Vous vous souvenez peut-être de Catherine Leroux qui, en 2016, avait été nominée au prix Giller pour son livre Le mur mitoyen. L’ancienne journaliste de Radio-Canada à Toronto publie des romans depuis 2012. Son quatrième roman fut écrit avant la pandémie, mais publié après le début de la crise sanitaire.
Ce roman raconte l’histoire de Gloria, une femme qui s’installe dans la maison de sa fille, Judith. On apprend peu à peu l’histoire de Judith et le fait qu’elle est maintenant décédée, que Gloria tente de faire son deuil dans une grande maison jaune et vide. Ce n’est pas tout: Judith avait deux filles qui sont disparues au moment de sa mort. Gloria cherche à savoir pourquoi.
Cette situation se déroule dans la ville fictive de Fort Détroit, un lieu tiré de l’imaginaire de Catherine Leroux. Dans cette ville, les habitants ont continué l’usage du français bien après sa fondation par Cadillac en 1701. Le roman se déroule dans un contexte où tous les systèmes de la ville échouent: les emplois sont inexistants, la police militarisée a tous les pouvoirs, et les résidents jardinent pour survivre l’hiver. Les rivières sont toxiques et la justice, si elle existe, est citoyenne.
«Ils sont les rivières qui ne sont jamais les mêmes. Ils sont la lumière d’étoiles éteintes depuis mille ans. Ils sont la lueur de la lune qui n’est que le reflet d’autre chose. Bientôt, elle le sait, ils partiront – ils ne lui ont jamais appartenu. Les bébés sont des êtres transitoires, leur proximité, une fiction.»
Alors que Gloria tente de faire la lumière sur les circonstances nébuleuses qui ont démantelé sa famille, une bande d’enfants refont le monde, à leur manière, cachés dans les bois de Fort Détroit. L’avenir est un roman qui parle de noirceur, de crise, de mal collectif, mais aussi de liens humains, de collectivité et d’avenir. L’auteure exploite toutes nos anxiétés d’aujourd’hui, mais réussi, malgré tout, à allumer une leur d’espoir.
Leroux explore, dans ce roman, un langage largement inspiré du parler francophone du Sud-Ouest de l’Ontario, et le fait de manière brillante. Cette connexion inusitée à la francophonie ontarienne donne au livre une dimension unique.
L’avenir est le genre de roman qu’on pourrait lire d’un trait, mais il serait mieux de le lire lentement, quelques pages à la fois, pour en garder encore un peu pour demain. Pour vous plonger dans un univers surprenant et pas tellement distant, tout en découvrant des personnages inspirés, lisez L’avenir de Catherine Leroux.
Bonne lecture!
Roxanne