Trois livres à lire sur le balcon

Je ne saurais vous dire ce que j’ai fait lors de la longue fin de semaine de mai l’année dernière. Habituellement, il s’agit de la première occasion de sortir l’équipement de camping et de s’éloigner de la ville pendant quelques jours

Mais je sais très bien que ce n’est pas ce que j’ai fait l’année dernière, puisque nous vivions encore les tous débuts de cette pandémie et du confinement.

L’été n’aura été qu’un moment de répit avant la tempête d’une deuxième et d’une troisième vague.

Aujourd’hui, alors que j’entame la longue fin de semaine de mai, Toronto est en confinement - sous une forme ou une autre - depuis le mois de novembre.

Les chances sont donc que je vais faire exactement la même chose que l’année dernière à pareille date: marcher près du lac, lire sur le balcon, et espérer un temps, bientôt, où le rassemblement sera chose du présent et non du futur.

La chienne de Pilar Quintana

Pilar Quintana est une autrice reconnue en Colombie qui, pour la première fois, est traduite en français. Dans son court roman La chienne, l’autrice raconte la vie d’une femme. Damaris habite un village côtier en Colombie avec son mari. Un jour elle adopte une chienne, et ce geste la confronte avec le fait qu’elle n’ait jamais pu tomber enceinte. Ce roman évolue au son de la mer qui s’écrase sur les rochers devant chez elle, et au sentiment de l’humidité et des odeurs provenant de la jungle voisine. Un livre cru, vif et marquant.

La chienne de Pilar Quintana

Mauvaises herbes de Dima Abdallah

Une jeune fille attend son père (son géant) à la sortie de la garderie. La scène peut, à première vue, sembler usuelle et banale. Mais dans ce roman, la petite fille habite Beyrouth et est née en pleine guerre civile au Liban. Elle et son père sont habitués aux chemins défoncés, au bruit des bombes la nuit, au chaos qui règne dans leur quartier ou dans un autre.

Dans ce roman, la voix de la jeune fille ponctue celle de son père. Leurs expériences sont troublées, isolées, mais jointes. Elle racontera sa croissance, son départ pour Paris, ses études. Il racontera son manque, sa tristesse, son échec. Dima Abdallah part du plus intime pour raconter l’universalité d’une relation père-fille, de la vie en temps de guerre, de la crise. Un court roman choc.

Mauvaises herbes de Dima Abdallah

L’anomalie d’Hervé le Tellier

Hervé le Tellier vient tout juste, en 2020, de remporter le prix littéraire Goncourt pour son livre L’anomalie. Dans ce roman, les 240 passagers d’un vol entre Paris et New York au mois de mars vivent des turbulences effrayantes. L’avion émerge d’un grand nuage avec des dommages minimes, mais avec une grande différence: nous sommes maintenant en juin, presque trois mois plus tard. Entre temps, une copie conforme de l’avion et de tous ses passagers s’est posée, tel que prévu au mois de mars. Cette anomalie amène donc dans le monde un double de chaque personne qui était à bord, déclenchant immédiatement des protocoles militaires jamais utilisés auparavant.

Le roman explorere la vie de certains passagers et de leur double, les évènements qui ont rempli les trois mois entre l’atterrissage des deux avions, et toutes les zones d’ombres qui font que les humains réagissent différemment à l’inconnu, ou à l’anomalie.

Ce livre est hilarant, un condensé de théories éclatées, de personnages loufoques et de commentaire social. À lire pour questionner le réel.

L’anomalie d’Hervé le Tellier

Bonne fin de semaine!

Roxanne